C’est De Standaard qui titre : « StreamZ, lancé comme le ‘Netflix flamand’, pourrait maintenant devenir à moitié américain ». En toile de fond, l’OPA de l’actionnaire majoritaire de Telenet sur les actions restantes : le fonds américain Liberty Global, déjà propriétaire de près de 59% du provider flamand, se verrait bien seul maître à bord. Et donc StreamZ, détenu pour moitié par Telenet (en partenariat avec DPG Media), pourrait être vu comme à moitié étatsunien.
Dans son marché, on aurait tendance à dire que, justement, les offres US ont la cote. En témoignent les tout récents chiffres de l’enquête Digimeter qui fait chaque année le suivi des tendances digitales en Flandre.
Sur la VOD payante, on constate tout au plus une stagnation : la proportion nette de néerlandophones abonnés à au moins une plateforme de streaming payante est passée de 55% en 2021 à 56% des 16 ans et plus dans le terrain 2022 du Digimeter. Quant au nombre moyen d’abonnements déclarés, il est maintenant tout juste supérieur à 2, en légère progression par rapport à 2021. Parmi les offres étudiées, la plupart sont en croissance par rapport à 2021. Y compris Netflix, pourtant déjà largement leader, qui atteint maintenant la barre symbolique des 50% de pénétration. Il dépasse largement Disney+ et StreamZ, lequel est visiblement à la peine.
Deux enseignements déjà : premièrement, les arbitrages de pouvoir d’achat générés par l’inflation n’ont pas trop affecté les offres de streaming payant, qui résistent remarquablement au choc ; deuxièmement : les offres internationales – américaines d’origine – dominent fortement le paysage en Flandre. Leur solidité est d’ailleurs illustrée par une information disponible depuis l’année dernière via le Digimeter, à savoir la proportion de répondants déclarant avoir renoncé à un abonnement dans l’année. Cette valeur de renonciation (« churn ») permet alors de déduire la rétention d’une année à l’autre et la proportion de nouveaux clients sur la période considérée.
Dans le top 3 – Netflix, Disney+ et StreamZ -, le taux de rétention (proportion d’abonnés demeurés fidèles par rapport au total de la pénétration) s’est amélioré, parfois fortement. En 2022, Netflix a conservé 88% de ses abonnés de l’année précédente (contre 85% précédemment). Pour Disney+, on est passé de 38 à 63% et pour StreamZ de 36 à 50%.
Bref, sous cet angle aussi, StreamZ n’est pas à la fête lorsqu’il est comparé aux offres US. On sait évidemment que Netflix « localise » une partie de son catalogue dans les territoires qu’il couvre, mais la plateforme ne peut se revendiquer « belge » ou « flamande » pour autant. Alors qu’en télévision linéaire, le contenu local est nettement privilégié par les téléspectateurs flamands, dans le segment du SVOD, ce même contenu local – atout revendiqué de StreamZ – semble nettement moins attractif, et cela se confirme au fil des ans.
Rédaction : MM.